Les Bains Fraxine : (les plus anciens)
C'est à l'époque gallo-romaine que le nom d'Ussat apparaît sous la forme "Usta Aqua" (eau brûlée, eau chaude). En effet, l'eau thermale sourd au pied de la montagne et entretient un marécage chaud. Les Romains ont peut-être exploité les propriétés de ces eaux mais nous n'en avons pas la preuve bien que des pièces de monnaie y aient été trouvées.
Ce n'est qu'au XVe siècle que l'on commence a avoir les premières relations consignées: le seigneur de la châtellenie de Gudanes ( à 1 km des Cabannes), perclus de tous ses membres vient s'y tremper et se retrouve rapidement sur pied. Une telle guérison ne peut que faire grand bruit et la réputation d'Ussat s'en suit.
Au début du XVIIIe siècle, on connaît les boues d'Ussat et ce n'est qu'en 1730 que les premiers aménagements apparaissent sous la forme de quelques plaques de schiste ou d'ardoise destinées à compartimenter le marécage en quelques baignoires primitives.
Le propriétaire est en fait le seigneur d'Arnave; il vend le 23 octobre 1668 à M. Jean de Fraxine, les terres et la baronnie d'Ornolac.
Son petit fils Louis, aîné de 9 enfants et, de ce fait, baron d'Ornolac, consacra sa vie à la pratique des vertus chrétiennes et à la charité. Il entreprend en 1783 quelques travaux de canalisation des sources et fait construire un logement pour les pauvres.
Voulant réaliser ses intentions pieuses en faveur des pauvres, il donne les bains d'Ussat à l'hôpital Notre Dame de la Guaride de Pamiers le 7 décembre 1787 avant de mourir le 30 juin 1790.
Les hospices de Pamiers concèdent l'exploitation par un bail à un fermier. Ce dernier ajoute deux bains, les n° 5 et 6 aux quatre déjà existants.
L'ensemble est donc constitué de 6 baignoires dans lesquelles l'eau arrive par le fond caillouteux. Des murs grossiers et des toits de chaume forment des loges irrégulières.
En 1807, attiré par la réputation des eaux d'Ussat, arrive le roi de Hollande, Louis Napoléon, frère de l'empereur. Il occupe la baignoire n° 5 et à la suite d'une cure de 30 jours repart guéri.
En reconnaissance, il dote l'établissement de 6 baignoires supplémentaires.
En 1808, les infiltrations de l'eau de l'Ariège sont endiguées grâce à la construction par M. Roques, fermier des bains, d'un grand mur de retenue sur toute la longueur des bains.
En 1810, une analyse faite par le Dr. Figuier redonne aux eaux le caractère bénéfique qu'elles avaient perdu à la suite de l'analyse faite par le Dr. Pilhes.
En 1820, le nombre des cabines est porté à 16, en 1822 à 26.
En 1825, M. Louet, qui a acheté le terrain voisin, entreprend des travaux pour son compte et en 1826 et 1827, ajoute sur son terrain les cabines 27 à 34.
A la suite d'un litige les hospices de Pamiers récupèrent ces constructions moyennant une rente viagère versée à M. Louet: les bains Louet disparaissent et l'administration des bains gère alors l'ensemble des 34 baignoires.
Malgré les travaux de 1808, le niveau de l'eau dans les baignoires est très instable et, pendant les crues de l'Ariège, elles ne contiennent que de l'eau froide.
En 1837, sur l'initiative du Dr. Vergé, on fait appel à un ingénieur: Jules François.
Ce dernier propose et fait approuver par la commission des hospices une série de travaux qui consistent à construire un canal hydrostatique alimenté par l'eau de l'Ariège, détournée au pont d'Ornolac et conduite aux bains par un ruisseau à travers le parc. Le niveau de l'eau est ainsi maintenu en permanence à 2 mètres au dessus du niveau de la rivière. Ce barrage d'eau froide refoule alors les eaux chaudes vers la montagne. Il est possible ainsi de construire des galeries d'amenée permettant d'aller chercher l'eau chaude à 38°C et d'alimenter un canal long et étroit, chaque baignoire venant y puiser l'eau nécessaire.
On construit alors un établissement important de 40 baignoires en marbre blanc de Carrare. Les travaux se terminent en 1848.
En 1850, construction du péristyle et des cabines de douche.
La station connaît à ce moment-là une époque florissante.
En 1923, les hôpitaux de Pamiers renoncent à l'exploitation directe et la confient à des particuliers puis en 1945 à une société anonyme.
Mais une mauvaise gestion conduit à une baisse de la fréquentation. Les hôpitaux reprennent la gestion en 1954 mais ne parviennent pas à gérer correctement les installations.
En 1970, on propose aux communes voisines de créer une société d'économie mixte, mais le projet n'a pas de suite.
En 1981, la vente aux enchères publique de la station est décidée: le 23 février à 15 heures, dans les locaux de l'hôpital de Pamiers la mise à prix est faite à 2 millions de francs. Un seul enchérisseur, un Hollandais, M. Van Ditmars, PDG de la société PRODECO, s'adjuge le tout pour la somme de 2 010 000 francs. (La station comprend en fait, outre les bains Fraxine, l'hôtel du parc, le casino, les boutiques, l'ancien hospice, le direction de thermes, la chapelle, le parc de 12 ha, mais aussi les bains Ste. Germaine et St. Vincent sur la rive gauche).
La saison 1981 se passe avec 13 cabines seulement qui fonctionnent.
En 1982, le montant de la vente n'a toujours pas été versé et trois nouveaux actionnaires: M. Vila, M. Bret et M. Planchand se proposent de racheter les actions, d'éponger les dettes et d'investir dans la station. La saison se déroule mieux que prévu avec 500 curistes.
En novembre 1982, une crue de l'Ariège inonde la station sous un mètre d'eau et de boue, anéantissant les améliorations apportées.
En 1983, la saison se déroule cependant correctement avec une augmentation du nombre de curistes.
En 1984, un forage est effectué pour assurer l'alimentation en eau chaude par pompage car le canal François ne fonctionne plus depuis l'aménagement de la rivière par des barrages hydroélectriques et le débit de l'eau est insuffisant: les bains ne sont ouverts que de 8h à 11h chaque jour.
Les travaux de forage sont interrompus en mars 1985 à -27 mètres à cause de l'inadaptation du matériel à la nature su sol. L'eau à ce niveau est à 29°C seulement.
Durant l'hiver 1985-86 un nouveau forage est entrepris et on trouve l'eau chaude à - 35 mètres et la station peut redémarrer.
En février-mars 1986 la galerie des bains est fermée par de grandes baies vitrées.
Le 16 avril 1987, la Société Thermale d'Ussat est constituée et est chargée de gérer pendant 60 années la station.
L'eau disponible à profusion alimente 40 cabines rénovées. On l'amène même jusqu'à l'Hôtel du Parc où quelques baignoires sont aménagées pour les pensionnaires.
Mais en 1994, nouveau coup dur: la station est fermée car on a trouvé des légionnelles dans l'eau. Aucun cas de légionnellose n'a été signalé parmi la clientèle mais le principe de précaution est appliqué. La réouverture de la station ne pourra se faire qu'avec un captage de l'eau à une plus grande profondeur.
Un nouveau forage est donc entrepris grâce aux financements de la communauté des communes du pays de Tarascon, de l'Etat, des conseils général et régional ainsi que de l'Europe. Les travaux s'élèvent à 5 millions de francs et l'eau pure est enfin trouvée à -1067 mètres et l'activité reprend en 1998.
Une activité réduite cependant car seules les baignoires aménagées à l'Hôtel du Parc et au Napoléon (ancienne Direction des Thermes) fonctionnent. Même les baigneurs logés dans les autres hôtels ou meublés doivent se rendre en ces lieux pour y recevoir les soins.
Cependant, l'homologation définitive du site ne pourra se faire qu'en 2005 lorsque les exigences de la DRIRE et de la DDASS seront satisfaites, à savoir la neutralisation des anciennes sources afin de ne pas contaminer l'eau de la nouvelle.
Des bains Fraxine ne subsiste donc aujourd'hui que l'imposant péristyle fermé qui donne à la station un aspect fantomatique.
Il est bien évident que l'eau pompée à plus de 1000 mètres de profondeur ne peut avoir les mêmes propriétés que celle qui sourdait au pied de la montagne. Il a donc fallu trouver aux thermes une autre affectation et la station qui était celle du goître, du système nerveux mais aussi des maladies de la femme, est devenue une station du bien être et de la relaxation.
Associées à de multiples activités, telles que aquagym, hydromassages, aérobains, modelage aux pierres chaudes, les eaux d'Ussat-les-Bains sont aujourd'hui répertoriées dans la rubrique anti-stress: les thermes de la forme.
Les établissements de la rive gauche :
On avait remarqué que l'hiver la neige fondait plus rapidement au pied de la montagne qu'aux alentours. Cette observation, transmise par la tradition, ne fut considérée longtemps que comme une curiosité singulière. En 1866, cependant des fouilles furent entreprises et il y a eu des tentatives d'exploitation en 5 points différents sur un espace de 1 km entre le pont sur l'Ariège et le chemin conduisant à la grotte de Lombrives. Deux établissements ont subsisté.
Les Bains Sainte Germaine :
Créés en 1866 par un épicier de Toulouse, M. Lacoume.
Ce dernier était devenu propriétaire d'un champ et trouva de l'eau chaude en creusant un puits.
Un établissement est construit de 1866 à1868 et présente une longue façade surmontée d'un gracieux acrotère. Au devant, un square dessiné par M. Bonnamy de Toulouse, est planté de semis et séparé de la route par une élégante grille de fer.
En 1877, M. Lacoume est toujours propriétaire des Bains Sainte Germaine. Mais, mal géré, l'établissement connaît des faillites successives.
Sur la liste des commerces de 1885 et de 1889 c'est M. Razous qui apparaît comme propriétaire.
Vers 1892, M. Razous le vend à une société parisienne. Mais la concurrence entre les établissements thermaux menée avec une campagne de dénigrement mutuel des eaux tue peu à peu la station.
Pensant qu'une compagnie propriétaire unique parviendrait à arranger les choses, les Hôpitaux de Pamiers achètent les Bains Sainte Germaine. Mais les guerres de dépréciation et les campagnes calomnieuses continuent et l'essor de l'établissement est freiné.
L'eau y est pourtant excellente: elle se trouve à quelques mètres de profondeur et très éloignée de l'Ariège, ce qui empêche toute infiltration et toute immixtion de l'eau de la rivière. Une pompe permet la distribution à 18 cabines équipées de baignoires en marbre et l'alimentation d'une piscine de 12 mètres sur 4 qui fonctionne encore dans les années 1940. La température de l'eau au griffon est de +36°C. La distribution aux cabines permet de graduer les bains du plus chaud au plus froid suivant l'état d'avancement des soins: le début de la cure se fait dans les cabines 1 à 5 puis on s'éloigne petit à petit suivant les indications du médecin traitant.
Une buvette permet au baigneur de compléter la cure par l'absorption d'eau, toujours suivant les indications du médecin.
L'établissement est surtout fréquenté par les malades logeant dans les hôtels de la rive gauche ce qui leur évite un long parcours pour se rendre aux bains Fraxine de l'autre côté de l'Ariège et du parc.
Cependant, l'établissement finit par être définitivement fermé en 1968 et commence à tomber en ruine en 1978.
Aujourd'hui, la
végétation a envahi le site cachant tant bien que mal
les cabines vandalisées. (Voir
photos)
C'est en juin 2019 que disparaissent les derniers vestiges de construction: les dernières maisons encore debout sont rasées et des bains ne subsiste que la façade des cabines. (Voir photo dans l'historique d'Ussat)
Les Bains Saint Vincent :
Les eaux thermales d'Ussat émergent à travers les terrains alluvionnaires où coule l'Ariège. La pression centrale de la rivière favorisant l'ascension latérale des eaux chaudes. Ainsi, un deuxième puits proche de Sainte Germaine est creusé et est baptisé Saint Vincent.
Il a deux mètres de profondeur et présente au fond un puisard de 40 cm de profondeur où les eaux se rassemblent.
Deux galeries sont creusées et livrent passage à de l'eau à 35°C dans l'une qui alimente les baignoires et à 30°C dans l'autre qui est employée pour les douches. Les deux galeries sont en partie muraillées car elles sont creusées, ainsi que le puits, dans le sable du fond de la vallée et nulle part on n'a rencontré le terrain solide.
Les sources sont ainsi drainées à leur niveau naturel qui est celui de l'Ariège, mais l'éloignement de la rivière est suffisant pour éviter les infiltrations d'eau froide.
Les eaux recueillies dans le puisard sont élevées par une pompe à trois corps actionnée par un moteur de 3 à 4 chevaux.
L'établissement est construit en 1872 et comporte 10 cabines et une piscine de 8 mètres sur 4.
L'exploitation de ce captage est autorisée par arrêté ministériel du 25 juin 1877. Mais elle est très irrégulière et définitivement arrêtée en 1884 car l'eau est à une température trop basse pour être utilisée sans réchauffage préalable.
Une demande de réouverture est faite par les hospices de Pamiers en 1958 mais l'ingénieur en chef des mines émet des réserves et impose un recaptage des eaux en règle en comblant le puits existant pour que la pollution des eaux superficielles ne se transmette pas au puits voisin de Sainte Germaine. Il souligne qu'il serait plus judicieux de renoncer à l'exploitation des bains St. Vincent et d'améliorer l'exploitation de l'établissement Ste. Germaine.
La réponse des hospices de Pamiers le 29 avril 1958 est que, leur ingénieur conseil estimant non indispensable l'obturation du puits, ils souhaitent ne pas y procéder se réservant la possibilité d'utiliser l'eau pour une piscine.
Celle-ci ne verra bien sûr jamais le jour et les bains continuent à se dégrader et ne sont plus que ruine à la fin du XXe siècle pour être définitivement rasés fin 2006.
(Voir
ce qu'il restait des Bains St. Vincent en juillet
2002)
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